On pourrait croire que seuls les artisans installés dans les forts et les postes de traite s'adonnent à l'art décoratif. Mais ce n'est pas le cas. Les voyageurs, même s'ils disposent de peu de temps libre, décorent des objets pratiques, qui servent à leurs tâches quotidiennes. Par exemple, ils décorent leurs pagaies et taillent à la main, à partir de nouds de troncs d'arbre, des tasses servant à boire ou à manger. Ce sont surtout les femmes autochtones qui décorent les objets de la vie courante comme les vêtements, les mocassins et les sacs.
Tailler le bois
Avant l'arrivée des Européens, les femmes autochtones utilisent surtout les piquants de porc-épic. Plus tard, en contrepartie des fourrures, les voyageurs leur offrent des alènes en métal pour remplacer les alènes en os. La pointe de métal de cet outil sert à :
Ornant d'abord leurs objets de coquillages, de cornes, d'os, de plumes, de piquants de porc-épic et de métal, les femmes autochtones optent, aux XVIIIe et XIXe siècles, pour les perles échangées avec les Européens. Celles-ci sont plus durables et exigent moins de manipulation. Elles adaptent alors les motifs exécutés avec des piquants de porc-épic à la broderie perlée, reproduisant des formes géométriques et des éléments de la nature.
Sacs décorés
Pour fabriquer des bracelets et des colliers, ils enfilent les grosses perles en utilisant des tendons ou d'autres cordons récoltés sur des chevreuils, des orignaux ou des caribous. Les perles de plus petite taille servent à décorer les tissus et les peaux d'animaux. Les mocassins sont décorés avec des perles et présentent des motifs comme le soleil et l'arbre céleste, éléments-clés d'une légende sur la création propre à certaines tribus autochtones. Les mocassins sont assemblés selon leur fonction et la tribu qui les fabrique. Au début du XIXe siècle, sous l'influence des Européens, les motifs floraux remplacent les motifs géométriques.
Dessin sur un sac à feu ojibwa
Les voyageurs et les chasseurs autochtones disposent aussi de sacs et de sacoches que les femmes autochtones fabriquent. Ils peuvent ainsi transporter leurs outils et leurs objets personnels. Les femmes tissent et décorent aussi des paniers destinés à conserver la nourriture, les médicaments et les plantes, recueillant au fil des saisons les matériaux servant à leur fabrication. Ce rituel est toujours accompagné de prières et de chansons.
Le véritable art floral autochtone est né dans la région des Grands Lacs grâce aux Métis et Autochtones, présents dans les missions et les postes de traite. Influencés par les Européens, ils intègrent des motifs réalistes, dont les fleurs, dans leur répertoire d'images. Pour souligner l'art distinctif qu'ils pratiquaient, les Amérindiens appellent les Métis les gens du motif floral perlé.
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