Premiers voyageurs sur les cours d'eau de l'Amérique du Nord, les Autochtones transmettent leurs connaissances du terrain et de ses réseaux de transport aux Européens. Les voyageurs adaptent les connaissances traditionnelles pour construire le canot d'écorce de bouleau, léger et efficace. Les distances sont calculées en fonction du temps et du nombre de « pipées » (ou de pauses pour fumer) par jour. Ainsi, un voyage d'une journée est un voyage de « six pipées ».
L'astrolabe de Champlain
Bon nombre d'explorateurs européens connaissent la science de la navigation. Ils ont recours à des instruments comme le compas, l'astrolabe, l'arbalète et le sextant pour explorer les cours d'eau de l'Amérique du Nord. Avant tout, les Européens doivent avoir recours au savoir immense des Autochtones.
Deux cartes : une de l'Autochtone Ochagach, l'autre de l'Européen Philipe Buache
Les peuples autochtones ne dessinent pas des cartes, comme le font les Européens, mais ils conservent des cartes du pays dans la tête. Ils traduisent ces cartes mentales, au besoin, en dessins sur des matériaux proches, tels que le charbon de bois et l'écorce de bouleau. Les cartes des Autochtones profitent aux voyageurs qui visualisent les voies navigables du continent et établissent des repères. Les informations des Autochtones, en plus des renseignements des Européens ayant voyagé vers l'Ouest, permettent aux explorateurs d'élaborer les premières cartes officielles de l'Amérique du Nord.
C'est le guide de la brigade qui décide des techniques de canotage exécutées par l'équipage. Si des rapides paraissent relativement sécuritaires, les bouts (les devants et les gouvernails) les descendent à bord du canot vidé de sa cargaison (une décharge) ou à demi plein (une demi-charge). En cas de danger, on tire le canot depuis la rive à l'aide d'une corde. Dans des rapides peu profonds, le canot vogue au travers des plus grosses vagues; dans les rapides profonds et turbulents, il va vers l'extérieur, loin des rochers et des rives. Des perches sont utilisées pour remonter les petits rapides.
Chargement d'un canot du maître
De part et d'autre du canot sont disposés les marchandises et les objets de traite et de canotage. Au fond, des grands-perches de 3 à 4 pouces de diamètre longent l'embarcation afin de répartir le poids de l'équipage et de la cargaison. En plus d'une cargaison d'objets de commerce ou de fourrures, le canot contient d'autres articles : une toile (pour se protéger de la pluie), une voile, une hache, de la corde, une bouilloire, une éponge pour écoper et une trousse de réparation pour le canot (écorce, racines et gomme).
On place la poudre, les balles, le rhum et autres objets précieux dans de petits tonneaux étanches; la marchandise sèche est transportée en ballots. Les fourrures et les couvertures sont comprimées pour faciliter leur expédition et pour économiser l'espace. Il est important de maintenir le poids des ballots à environ 90 lb (40 kg) pour faciliter les portages, au cours desquels les voyageurs doivent décharger et recharger le canot, et pour équilibrer un canot entièrement chargé.
Les voyageurs réparent leurs canots lorsque les circonstances et le temps le permettent, souvent après avoir établi leur campement pour la nuit. Ils utilisent des lanières de racine d'épinette pour coudre les pièces d'écorce et enduisent ensuite les coutures avec de la poix pour rendre le canot étanche à l'eau. La poix est fabriquée avec un mélange de gomme d'épinette, de gras animal et de charbon de bois. L'écorce, la racine d'épinette et la poix constituent la trousse de réparation, qu'on appelle les « agrès ».
Canot avec voile
Certaines conditions météorologiques avantagent les voyageurs. Lorsqu'un vent appelé La Vieille se lève sur les grandes étendues d'eau, les voyageurs peuvent déployer une voile et économiser du temps de voyage tout en réduisant leurs efforts de maniement des avirons. Grâce à la voile, les canots peuvent atteindre une vitesse de 8 à 10 nouds. Lorsque le vent devient trop intense, les pagayeurs sont dégradés, c'est-à-dire qu'ils gagnent la rive où ils se reposent. Souvent, le voyage sur les Grands Lacs se fait pendant la nuit, où les vents se calment. Pour prévoir les conditions climatiques, les voyageurs étudient le soleil, les vents et les nuages.
À l'époque de la traite, le compas est un petit coffret de bois recouvert d'une plaque de verre qui comprend une aiguille aimantée sur pivot. Pour obtenir une lecture juste, l'appareil doit rester immobile, ce qui n'est évidemment pas le cas lors des voyages en canot.
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