L'existence de la Nouvelle-France repose en grande partie sur le commerce des fourrures. Son fondateur, Samuel de Champlain, s'établit à Québec en 1608 en raison de la proximité de zones riches en fourrures et des pourvoyeurs amérindiens. L'administration considérable de la colonie de 1608 à 1663 est confiée à des compagnies de commerce de la France. Ces dernières s'engagent à peupler et à développer la colonie en échange de l'exclusivité du territoire. Elles interdisent donc aux habitants de pratiquer le troc avec les Autochtones. Jusqu'en 1652, ce sont les Amérindiens qui apportent les fourrures aux marchands. Mais les choses se corsent entre les groupes autochtones de la région.
Iroquois et nations algonquines s'affrontent déjà au moment de la fondation de Québec. Après 1640, les Iroquois déciment presque toute la population huronne, principale fournisseuse de fourrures des Français. Ce climat de guerre nuit au travail des chasseurs autochtones, mais donne naissance au métier de coureur des bois. En effet, dès 1652, on accorde aux habitants le droit de faire la traite des fourrures. Cette activité ne se limite plus aux postes de traite de Québec, Trois-Rivières et Montréal : le coureur des bois se rend dorénavant chez les Autochtones cueillir ses fourrures.
La popularité du métier de coureur des bois auprès des jeunes alerte le gouverneur de la colonie. Le 28 avril 1654, il interdit à quiconque d'aller en traite sans obtenir au préalable un congé, c'est-à-dire un permis. Il veut garder les hommes dans les parages au cas où la colonie devrait se défendre contre les Iroquois.
Lors d'un présage de paix avec les Iroquois, deux jeunes Français obtiennent l'autorisation de partir. Médard Chouart des Groseilliers, cofondateur de la compagnie de la Baie-d'Hudson, et Nicolas Forget dit Despatis (Forget) prennent la route des Pays-d'en-Haut. Ils reviennent deux ans plus tard avec une cinquantaine de canots chargés de fourrures. La colonie les accueille en héros. Emballés, les aspirants coureurs se multiplient, mais de nouvelles menaces iroquoises inquiètent à nouveau les autorités. Une fois de plus, les congés de traite sont rétablis, accompagnés de punitions très sévères.
Les coureurs des bois qui n'ont pas de permis et ne respectent pas l'ordonnance de Louis XIV s'exposent à des peines sévères :
Grâce au système de congés, les autorités peuvent contrôler le commerce des fourrures. Cela crée deux groupes d'individus : les détenteurs de permis, qui se feront bientôt appeler voyageur, et les coureurs des bois, criminels. En 1681, le roi Louis XIV accorde l'amnistie générale aux coureurs des bois pour inciter leur retour à la colonie. Dorénavant, seuls 25 congés sont accordés annuellement. Mais la vie des bois séduit toujours beaucoup d'hommes, et on déplore les problèmes qu'elle engendre, c'est-à-dire, selon les gouverneurs et les intendants : corruption des mours, débauche et indépendance d'esprit!
Un surplus de fourrures à la fin du 17e siècle amène le roi Louis XIV à formellement interdire, en 1696, les activités des coureurs des bois en supprimant complètement les congés. Le roi circonscrit le commerce des fourrures aux établissements du long du fleuve Saint-Laurent. C'est la fin de la première génération de coureurs des bois.
En 1716, la traite à l'intérieur du pays est rétablie selon le système de congés. L'activité maintenant jugée légale, une seconde génération de coureurs des bois émerge. Certains demeurent dans les bois; d'autres s'engagent auprès de commerçants possédant un permis. Ils deviennent donc des engagés, des employés et signent devant un notaire les termes de leur engagement. C'est ainsi que naît la profession de voyageur.
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